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Huiles et sources d'acides gras.​Pour qui, pourquoi...


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En alimentation humaine, les matières grasses n’ont pas bonne réputation. Gras saturés et mauvais cholestérol nuisent à la santé et une alimentation faible en gras est recommandée. En nutrition équine, les matières grasses ont la cote et, dans l’espoir d’optimiser la condition, la performance et la santé, bon nombre de propriétaires servent à leur monture des aliments riches en gras. Nos deux mondes sont-ils à ce point différents ?


D’un point de vue alimentaire, oui ! Notre diète, constituée d’aliments riches en matières grasses

de toutes sortes, couvre largement nos besoins à ce chapitre. Ce n’est pas le cas du régime alimentaire du cheval, basé principalement sur les fourrages et les grains, des aliments dont le taux de matières grasses se situe en général en deçà de 3,5 %. L’alimentation naturelle du cheval n’entraîne

pas d’excès de matières grasses et un apport supplémentaire peut lui être bénéfique, d’autant que les

graisses sont nécessaires au transport des vitamines liposolubles A, D, E et K. Privilégier les matières

grasses dans la ration de votre cheval est conseillé dans plusieurs contextes : prise de poids, ulcères

gastriques, rhabdomyolyse (tying-up), excitabilité, lactation, problèmes métaboliques, etc.


LES MATIÈRES GRASSES, EN BREF


Les graisses font partie d’un ensemble de molécules appelées lipides. Aussi connues sous le nom

de triglycérides, les matières grasses alimentaires sont composées d’une molécule de glycérol et de

chaînes plus ou moins longues d’acides gras (4 à 28 atomes de carbone, rarement plus). La nomenclature des différents acides gras dépend de la taille et de la longueur de leur chaîne carbonée, du degré de saturation ou d’insaturation de celle-ci ainsi que du nombre et de la position des liaisons doubles sur cette même chaîne. C’est cette nomenclature qui permet par exemple de distinguer l’acide gras linoléique (oméga-6) de l’acide gras alpha linolénique (oméga-3), deux acides gras dits essentiels. Les acides gras essentiels, dont il est question plus loin dans cet article, doivent être fournis par l’alimentation puisque le cheval ne peut les synthétiser lui-même.


Source d’énergie inégalée, le gras en fournit au moins 2,25 fois plus que les hydrates de carbone.

Les rôles principaux du gras : augmenter la densité énergétique de la ration bien sûr, mais aussi participer à la production de molécules bioactives importantes pour la santé. Avantage non négligeable, un cheval utiliserait entre 85 à 90 % de l’énergie totale fournie par les matières grasses de sa ration. Cela dit, il n’est pas recommandé de fournir plus de 20 % de matières grasses dans la ration totale du cheval.


SOURCES DE MATIÈRES GRASSES ET ACIDES GRAS OMÉGA


Le cheval étant un herbivore, les matières grasses additionnelles servies sont le plus souvent de nature végétale, sous forme d’huile. Les moulées riches en gras végétal sont une autre option. Les fourrages fournissent peu de gras au cheval, mais dû au volume consommé quotidiennement par l’animal, leur apport est somme toute considérable.


​À propos des huiles végétales, peu importe le type utilisé, elles fournissent toutes la même quantité

d’énergie, soit environ 9 Mcal/kg. Si votre seul objectif est d’augmenter la cote de chair de votre

cheval, vous avez l’embarras du choix quant au type d’huile à lui servir (en fonction de la ration alimentaire globale du cheval, certaines pourraient être un peu plus appropriées que d’autres). Cependant, si votre objectif est d’améliorer certains aspects de la santé de votre compagnon, que ce soit de manière curative ou préventive, les options quant à la source de matières grasses servie s’amenuisent ; une huile ou un supplément riche en acides gras oméga essentiels est nécessaire. Le but ultime : ​maintenir un rapport oméga-6 : oméga-3 favorable. L’alimentation naturelle du cheval étant particulièrement riche en oméga-6, l’ajout d’oméga-3 doit être privilégié.


Un aliment ou ingrédient reconnu pour sa teneur élevée en oméga-3 est en fait un aliment riche en acide alpha linolénique (ALA) ou ses dérivés : l’acide eicosapentaénoïque (AEP) et l’acide docosahexaénoïque (ADH), des acides gras essentiels cruciaux, car biologiquement plus actifs. Seules les sources marines d’acides gras oméga-3 (huiles de poisson, microalgues) fournissent directement au cheval les précieux oméga-3 AEP et ADH, ce qui les rend forcément plus efficaces. Les sources végétales d’oméga-3 sont riches en ALA, mais pour en tirer profit, le cheval doit convertir

l’ALA en ses dérivés AEP et ADH, une étape supplémentaire relativement coûteuse pour lui, sa capacité à effectuer cette conversion étant possiblement limitée. Les avantages de leur ajout à la

ration demeurent, mais sont moindres.


Avec raison, les chercheurs continuent de s’intéresser de près aux effets de l’ALA et de ses dérivés AEP et ADH sur la santé du cheval. Les bienfaits observés sont nombreux, entre autres l’amélioration des paramètres liés à l’exercice (réduction de l’inflammation articulaire), l’amélioration de la réponse immunitaire, la diminution du rythme cardiaque, l’augmentation de la production de sperme chez l’étalon et l’augmentation de la réponse de l’organisme à l’hormone insuline à la suite d’un repas.


EN CONCLUSION


Avant d’ajouter des matières grasses à la ration de votre cheval, il faut d’abord considérer l’objectif recherché. Simple ajout de calories, amélioration de l’aspect de la robe, prévention des ulcères,

problèmes inflammatoires (emphysème, arthrose, allergies), optimisation de la performance ? Aussi, chaque cheval a ses petites manies : certains n’aiment pas les huiles, d’autres sont particulièrement

sensibles à l’odeur d’un produit, aussi efficace soit-il. Le budget fait bien sûr partie de l’équation. En nutrition, cibler le produit le mieux adapté aux besoins de son cheval demande toujours réflexion.

 
 
 

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